Linvestissement dans les technologies de santé (que ce soit pour les médicaments, BioTech ou les technologies médicales, MedTech) est en croissance sans ralentissement depuis plusieurs années et, vu lafflux de liquidités, de manière singulière en 2020.

LEurope qui héberge des milliers de ces start-ups en santé a enregistré un record de levées de fonds en 2019 avec plus de 9 milliards deuros.

La France compte plus de 1700 entreprises dans ce domaine. Elle est le deuxième pays européen après le Royaume-Uni pour leur financement avec une levée de près de 2 milliards deuros en 2019.

Les progrès technologiques, lavancée massive des connaissances qui est à lorigine dinnovations de rupture et de l’émergence de thérapies géniques et cellulaires, lexistence de pans entiers de besoins médicaux non satisfaits (pathologies dégénératives liées ou non au vieillissement, cancers solides, maladies orphelines…) expliquent lattractivité de ce secteur auprès des investisseurs. Alors pourquoi, dans un contexte où le talent scientifique et l’innovation sont là et le support économique présent, l’Europe est accusée d’être à la traîne, pourquoi l’Europe apparait si loin dans la course au vaccin anti Covid.

Au moins en partie parce qu’elle sait débuter mais qu’elle ne sait pas conclure. Si les financements augmentent en Europe et en France, ils se concentrent sur les premiers stades de développement des sociétés et font défaut pour les phases ultérieures de financement de la croissance.  Ils ne permettent que l’émergence de ces start-ups mais pas  leur développement jusqu’à la phase de leur valorisation optimale. Cette valorisation qui peut avoir pour but une cession ou la naissance dune société commerciale suppose laccès à des capitaux importants pour assurer un développement industriel ou médical et suppose lacquisition de compétences dont ces start-ups sont souvent dépourvues lors de leur constitution. Capitaux comme compétences clés font défaut à ce stade.

Si de nombreux fonds de capital-risque se sont spécialisés dans le financement de ces start-ups à des stades précoces avec des montants à déployer limités, les sources de financement à des stades plus tardifs, seules susceptibles de garantir leur développement, restent moins accessibles auprès de fonds, en bourse voire au niveau des Etats comme le montre l’exemple récent de Valneva. Créer les conditions d’un financement important et à risque, public ou privé est important tout comme est important un changement d’approche du risque et du partage du risque.

A ces stades, les start ups ne possèdent ni historique managérial, ni position de marché établie. Pour investir des montants importants il faut se fier à des signaux faibles que peu sont capables didentifier d’où la frilosité des acteurs financiers.

En Europe, les investisseurs sont probablement convaincus que les start-ups disposent des compétences scientifiques mais ne leur reconnaissent pas lexpérience nécessaire à leur développement ultérieur : compétences sectorielles (réglementaires, financières, accès au marché et affaires publiques) et géographiques (connaissance des marchés, réseaux locaux). Compte-tenu de la complexité de la réglementation et de la diversité des marchés, beaucoup de ces entreprises ne parviennent pas à convaincre : alors que seule la science a contribué à leur émergence, beaucoup butent sur le passage de la recherche à un plan de développement et sur la cohérence dun plan de développement avec un business plan.

Aux États-Unis, danciens dirigeants de start-ups, après avoir vendu avec succès leur entreprise, ont rejoint les fonds dinvestissement et font bénéficier de leur expérience les jeunes entreprises. Cest moins le cas en Europe. L’écosystème danciens entrepreneurs ayant réussi est moins étoffé. Pourtant les personnes pouvant accompagner la réflexion des start-ups et accompagner leur stratégie de valorisation existent : créer les conditions de rapprochement entre les start-ups européennes en particulier françaises et les experts qui pourraient, par l’élaboration dun plan stratégique pertinent, contribuer à leur croissance est une condition première pour que ces jeunes entreprises aient accès à des financements importants.

Largent pour financer la croissance des start-ups existe et les liquidités injectées par les différents plans de soutien à la croissance dans le monde ne demandent qu’à sinvestir dans le secteur des technologies de santé. LEurope et la France ne doivent pas laisser passer cette opportunité d’investir massivement pour assurer l’émergence de nouveaux acteurs opérationnels. A ces acteurs de se structurer en sachant s’entourer des compétences opérationnelles qui leur manquent.